Quels sont les autres projets d'aménagement du territoire contestés en France ?

L’acronyme ZAD désigne initialement les zones d’aménagement différées, créées en 1962. Depuis le début des années 2010, il est connu médiatiquement pour désigner les "zones à défendre". Il désigne la multitude de lieux de France où des "zadistes" s’opposent à des projets d’aménagement qu'ils jugent préjudiciables pour l’environnement. Le concept s’est principalement développé à partir de l’occupation du site qui devait servir au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes mais s'est ensuite diffusé à de nombreuses luttes de part et d'autre du pays. Il est fortement caractérisé par une occupation, un squat pour empêcher le lancement d’un chantier, la ZAD émane principalement des milieux autonomes, altermondialistes et écologistes. Il découle de ses oppositions à des projets variés : construction d'une autoroute, d'un barrage, de la ligne TGV Lyon-Turin dont nous parlons dans l'onglet "No TAV" et de biens d'autres projets encore.

 

Vous retrouverez ci-dessous une carte interactive répertoriant tous les projets contestés car jugés inutiles en France puis vous trouverez en dessous quelques exemple d'autres ZAD.

ZAD du Testet

Souvent connue sous le nom de ZAD de Sivens, la ZAD du Testet représente un mouvement de protestation contre le projet du barrage de Sivens, qui se situe dans le Nord-Ouest du Tarn (commune de Lisle sur Tarn, 10 km environ de Gaillac), sur la partie sauvage et préservée de la rivière Tescou.

 

Le barrage serait construit le long de la forêt de Sivens, dans une zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF). Il noierait la zone humide du Testet considérée comme une des zones humides majeures du département du point de vue de la biodiversité. Sur le bassin versant existent déjà, 185 retenues collinaires stockant 5,1 Millions de m3 et interceptant 1/3 des cours d'eau rejoignant le Tescou. Ce projet, datant d’environ 40 ans, est porté par le Conseil Général du Tarn, maître d’ouvrage, et par son maître d’ouvrage délégué, la Compagnie d’Aménagement des Coteaux de Gascogne (CACG). Le projet serait financé à 100 % par des fonds publics, 8,4 millions d’euros HT pour l’investissement.

 

Les opposants au projet occupent la zone depuis des dizaines d’années, selon eux, environ 30 hectares de terres agricoles, avec des pratiques durables, seront perdus. De plus, la destruction de la zone humide du Testet (18 hectares) serait une perte considerable, notamment en raison de la présence de 94 espèces animales protégées dont 5 à enjeux importants. Par ailleurs le défrichement de 29 ha, d’Espaces Boisés Classés (EBC) aurait un impact écologique deplorable. Les militants souhaitent trouver une alternative au projet.

 

Par ailleurs, la ZAD du Testet est tristement connue pour la mort de Rémi Fraisse, un jeune écologiste tué par une grenade offensive de la gendarmerie le 26 octobre 2014. La ZAD du Testet fut évacuée quelque mois plus tard, début mars 2015, avec l'aide de milices liées au syndicat agricole FNSEA. Le projet initial de barrage, visant l‘irrigation intensive de quelques exploitations agricoles, a été annulé par la justice le 1er juillet 2016. La lutte continue cependant, puisqu'un projet de plus petit barrage est toujours à l'étude et que la zone illégalement détruite n'a pas été réhabilitée.



ZAD du Moulin

 La ZAD du Moulin est une zone d’occupation au coeur de la forêt de Kolbsheim, dans la Réserve du Bishnoï. À quelques kilomètres de Strasbourg, les militants se sont installés depuis février 2017 dans cette zone à défendre, contre un projet vieux de presque 50 ans. Le grand contournement ouest de Strasbourg (GCO ou COS ou A355) est un projet d’autoroute à péage de 24 km né au début des années 70.

 

Le projet devrait engendrer la destruction de plusieurs hectares agricoles et forestiers. Les opposants ont donc installé des cabanes et des banderoles sur les 24 km de la future autoroute. Il y a également eu plusieurs manifestations et du matériel de chantier a été saboté. Néanmoins le 4 septembre 2019 les manifestants ont été évacués.Selon les Zadistes : “Occuper les lieux, c’est comme une épine dans le pied de Vinci… et les veilleurs veillent…”

 



Ferme des 1000 vaches

La ferme des mille vaches est une exploitation bovine laitière industrielle, construite sur le territoire des communes de Buigny-Saint-Maclou et de Drucat, près de l'aérodrome d'Abbeville, dans le département de la Somme, en région Hauts-de-France. Elle est conçue pour abriter environ 1 000 vaches laitières (à l'origine de son surnom) et une unité de méthanisation d'environ 1,5 mégawatt.

 

Ce projet de ferme industrielle voit le jour en septembre 2014 dans la campagne de Buigny-Saint-Malou. Des protestations ont alors éclaté contre cette "ferme usine" et des manifestants ont attaqué plusieurs fois en justice les gérants de cette ferme. Malgré ces protestations le projet de ferme industrielle a abouti et accueille aujourd'hui 800 vaches au lieu des 500 prévues. Parmi les opposants à cette exploitation, on peut trouver l'association d'habitants Novissen, le syndicat agricole Confédération paysanne, des associations de protection animale telles que L21449, l'ONG Écologie sans frontière, ainsi que des partis politiques (Europe Écologie Les Verts, Parti de gauche, La France insoumise et Les Patriotes).

 

La production en grande quantité de lait dans un espace confiné étant vue négativement par le syndicat agricole précité et ces différentes associations écologistes, ceux-ci menacent d'appeler à boycotter la marque “Senoble”. Selon eux, Senoble détiendrait, avec le groupe normand “Agrial”, la coopérative “Senagral”, qui serait la première consommatrice du lait produit dans cette usine. La chaîne de magasins bio Biocoop a décidé de “déréférencer” les produits de la marque Senoble.