Toujours dans le cadre de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes prise en exemple sur mon site, on peut voir que les protestations se basent donc sur toute une série d'arguments contre la construction de l’aéroport et plusieurs autres raisons pour lesquelles les militants ont choisi de dire NON au projet d’aéroport du Grand Ouest.
Pour comprendre le mouvement de ZAD et les Zadistes il faut analyser les motivations derrière leurs protestations. Vous trouverez dans cet onglet les raisonnements les plus répandus chez les détracteurs de ce projet. Nous nous intéresserons ici au POURQUOI de l'opposition.
Ce projet, contesté depuis plus de cinquante ans, fait l'objet de multiples polémiques et rebondissements. Mais pourquoi ce projet fait-il tant de débat ?
Depuis plusieurs années et après une succession de gouvernements, on remarque la volonté française d'agir rapidement contre le dérèglement climatique. Selon de nombreux scientifiques on se retrouve désormais dans l'urgence d'agir, de préserver la biodiversité, nos ressources naturelles et lutter contre ces changements climatiques. C’est pourquoi, en 2017, 15 000 scientifiques lançaient un cri d'alarme commun “Il sera bientôt trop tard”. Parallèlement à ces discours, on a pourtant maintenu le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, qui, envisagé dans les années 60, s’est révélé désormais être une idée du passé car niant doublement l’enjeu climatique. En effet, d'une part il vise à développer, soutenir et promouvoir toujours plus le transport aérien qui est actuellement le mode de transport le plus polluant avec un rapport d’émission de gaz à effet de serre par kilomètres énorme. D'autre part, le projet devait être implanté dans une zone humide, dans des bocages qui sont un milieu reconnu pour leur rôle de puits à carbone et faisant donc partie des meilleurs atouts pour lutter contre le dérèglement climatique.
Il y a donc un paradoxe assez important : après la signature des accords de la COP 21 et une volonté toujours plus marquée de sauver la planète, on a pourtant continué à soutenir un projet d’aéroport qui aurait détruit des zones humides stockant du CO2 pour développer et promouvoir le transport aérien, grand émetteur de CO2.
Le projet prévoyait de détruire pas moins de 962 hectares de zones humides et de bocages. Cette surface aurait même pu s’étendre à plusieurs milliers d’hectares si l’on compte aussi les infrastructures de desserte prévues à moyen et long terme comme les trams, les métros et les trains…
Cependant ces zones humides sont très précieuses car elles fonctionnent comme de véritables éponges, elles régulent les inondations et les sécheresses, elles stockent du carbone et enfin elles abritent une riche biodiversité. Se sont donc d'indéniables atouts qui permettent d'atténuer les effets du dérèglement climatique. La destruction de ces écosystèmes locaux serait donc déplorable car ils pourraient s’avérer être une partie de la solution à de nombreux problèmes.
La mise en acte de ce projet sur ces terres contribuerait non seulement à la destruction de l’écosystème local mais aussi à celle de la biodiversité locale. En effet, les bocages de Notre-Dame-des-Landes abritent plus de 2 000 espèces animales et végétales et forment 5 zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique. Ces bocages comptent par ailleurs 11 habitats naturels à enjeu européen et pourraient également prétendre à un classement en zone “Natura 2000”. Parmi ces espèces recensées, plus d'une centaine sont classées parmi les espèces protégées. La volonté de s’opposer à cette destruction et de protéger ces ressources naturelles a notamment permis de découvrir des espèces non répertoriées dans l'inventaire du bureau d'étude Biotope mandaté par l'État. La sauvegarde et le recensement des espèces apparaît donc comme une nécessité pour préserver une biodiversité de plus en plus fragilisée par les actions de l’Homme.
Les impacts sur l’écosystème et la biodiversité étant assez lourds, le projet d’aéroport nécessite plusieurs autorisations environnementales. Celles-ci ont été contestées en justice par plusieurs opposants, notamment des associations agissant pour lutter contre le dérèglement climatique.
Après une suite de procédures, recours, reports, autorisations puis interdictions, on peut donc se poser la question suivante : détruire la nature présente à Notre-Dame-des-Landes, légal ou illégal ? La justice n'aura jamais vraiment tranché définitivement face aux arguments de camps pour et contre.
Le site de Notre-Dame-des-Landes regorge de terres agricoles, c’est d’ailleurs l’un des principaux bassins laitiers de Loire-Atlantique. C'est pourquoi, depuis près de 50 ans, les agriculteurs sont en première ligne de la lutte contre le projet. En effet, près de 2000 hectares de terres leur seraient enlevés. L’idée de base était celle de créer une ZAD avec sa signification d’origine, c’est à dire “zone d’aménagement différé”. Le but de cette zone d’aménagement différé était donc de laisser du temps aux habitants et aux agriculteurs locaux qui auront alors 14 années pour se reconvertir ou déplacer leur exploitation une fois le décret signé. Cependant 15 exploitations agricoles mettraient tout de même la clé sous la porte et 11 exploitants refusent toujours de partir, malgré les pressions de Vinci (société en charge des travaux) et les nombreux arrêtés d’expulsion.
On parle souvent de la création d’emploi lié à la construction de l’aéroport, mais si les emplois de ces agriculteurs sont menacés, c'est en réalité tout le tissu local qui risque d'être impacté. En comptant les emplois supprimés dans l’agriculture et les activités complémentaires, 200 personnes risquent d'être au chômage à long terme. Pour la réalisation des travaux, Vinci promet l’embauche de 700 personnes pendant 4 ans, de l’emploi certes, mais à court terme, avec des ouvriers payés aux prix les plus bas, en contrat précaire. L'aéroport de Notre-Dame-des-Landes aurait été un des plus automatisé, il y aurait donc eu besoin de moins de personnel.
L'aéroport du Grand-Ouest serait situé dans la commune de Notre-Dame-des-Landes, soit à 27 km du centre-ville de Nantes. La question qui se pose alors : comment rejoindre cet aéroport ? Le besoin d’équilibre sur le territoire pose donc une question de transports et donc une réalisation nécessaire de travaux supplémentaires.
Cependant les hypothétiques projets de tram, de train et de ligne grande Vitesse en Bretagne et en Pays de Loire impacteraient eux aussi l’environnement et l’agriculture. Notre-Dame-des-Landes n’aurait donc été initialement desservi qu’en bus, privilégiant donc les trajets en voiture individuelle, polluant donc d’autant plus. Le manque de stratégies en matière d’aménagement du territoire accompagnant le projet d’aéroport est donc souvent critiqué par les opposants au projet. Leur question est donc la suivante : et si, finalement, la solution se trouvait en réalité du côté de l'existant?
Initialement conçu pour 4 millions de passagers par an, Nantes-Atlantique en a accueilli 5 millions en 2017. Cependant, un réaménagement de Nantes-Atlantique constitue une alternative qui permettrait d’accueillir jusqu'à 9 millions de passagers, et cela sans pour autant entraîner une forte augmentation des décollages et atterrissages car le taux de remplissage des appareils progresse avec les systèmes de réservations en ligne et les stratégies commerciales des compagnies low-cost.
Toutefois, selon les partisans de Notre-Dame-des-Landes, l'aéroport actuel poserait des problèmes de sécurité et de bruit. Il est cependant classé dans la meilleure catégorie en matière de sécurité par la direction générale de l'aviation civile. Quant à la question du bruit, des solutions peuvent être proposées comme l’arrêt des vols de nuit (entre 23 h et 6 h) et la révision des plans de vol ont notamment fait leurs preuves ailleurs.
Le rapport du Conseil général de l'environnement et du développement durable d’avril 2016 reconnait la possibilité d'agrandir Nantes-Atlantique et la nécessité de rénover la piste existante. Il demande alors qu’une tierce expertise soit réalisée pour définir les coûts des différentes hypothèses. Enfin, en 2017, les trois médiateurs nommés par Emmanuel Macron remettent leurs conclusions au premier ministre Édouard Philippe, ils y affirment que le réaménagement de l’aéroport de Nantes Atlantique est une option raisonnablement envisageable pour conclure ce projet. Cela portera, le 17 janvier 2018, à l’abandon du projet de construction de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes au profit de l’aménagement de celui de Nantes Atlantique.
Le coût total de la construction de l'aéroport seul aurait été de 565 millions d'euros hors taxe. Cependant ce montant n’intègre pas la réalisation des travaux annexes pour la réalisation de lignes de tram ou de trains afin de relier l’aéroport au centre-ville. De ces 565 millions, 43 % seront financés par les collectivités et l'État, donc par les contribuables, c’est-à-dire vous et moi. En revanche, selon plusieurs diagnostics d’experts, le coût d’un réaménagement de Nantes-Atlantique serait d’environ 140 millions d'euros.
En conclusion, grâce à tous ces arguments on comprend la volonté des militants à s’opposer contre une société qui préfère acheter tout neuf plutôt que d’améliorer et de consolider l’existant. Ils souhaitent donc promouvoir une tendance à l’amélioration des structures déjà existantes et non à la construction de nouvelles infrastructures, le tout dans le respect de l’environnement, la protection des écosystèmes, la sauvegarde de la biodiversité et avec un regard attentif sur les conditions d’emplois et de travail des différents acteurs locaux. Pour en savoir plus sur cette lutte, vous trouverez dans la page suivante "comment se manifestent les revendications des opposants".