Qu’est-ce que le mouvement De zad ?

"Nos désirs en venant sur la zone à défendre étaient multiples : habiter sur un territoire en lutte, ce qui permet d’être proches des personnes qui s’y opposent depuis 40 ans et de pouvoir agir en temps de travaux ; profiter d’espaces laissés à l’abandon pour apprendre à vivre ensemble, à cultiver la terre, à être plus autonomes vis à vis du système capitaliste. En ce sens nous avons toujours affirmé lutter contre l’aéroport ET son monde."

Zadistes de Notre-Dame-des-Landes

ZAD, ou "zone à défendre", est une abréviation utilisée par les militants pour désigner une zone soumise à un projet d'aménagement jugé inutile et destructeur pour la nature. Ce sigle est un détournement du sigle ZAD "zone d’aménagement différé utilisé en droit de l’urbanisme. Cependant depuis le début des années 2010 le terme ZAD est désormais utilisé comme slogan, label et logo par les activistes et militants qui s'opposent à la réalisation de projets considérés comme inutiles, dangereux, coûteux, et nuisibles à l'environnement… Les personnes engagées dans une ZAD et qui l'occupent sont alors appelés Zadistes.

 

L’objectif principal de leurs actions est de paralyser ces projets d’aménagements du territoire en organisant des foyers de résistance avec une occupation physique des sites de travaux. On considère souvent les Zadistes comme des squatters car ils occupent souvent de façon illégale ces lieux. De nombreux exemple de ZAD existent en France comme notamment la lutte contre le projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) sur lequel nous concentrerons notre discours par la suite, mais aussi celle contre le barrage de Sivens (Tarn), celle contre la ferme des 1 000 vaches à Ducrat (Somme), celle du Center Parc de Roybon (Isère) et celle du Grand Stade de l'Olympique lyonnais… Il existe une multitude de ZAD et de projets d’aménagements du territoire contestés en France, vous pourrez retrouver tous ces projets sur l’onglet "autres projets contestés en France" grâce à une carte interactive qui les représente tous et enfin, vous trouverez quelques informations sur certains de ces projets.

 

Les Zadistes protestent contre ces projets car même si le processus législatif et réglementaire a été respecté, leur légitimité peut être contestée pour diverses raisons comme une période de débat insuffisante ou une faiblesse du contenu des débats, mais aussi le fait que les acteurs concernés n'aient pas pu s'exprimer, ou bien car les décideurs agissent de manière opaque c’est-à-dire souvent en mentant par omission et enfin car parfois il y a soupçon de conflit d'intérêts des experts. Le fonctionnement de la ZAD est horizontal, sans porte-parole. Les Zadistes sont des groupes de personnes autonomes, altermondialistes et écologistes. Ils peuvent s'installer dans la durée sur un site ou circuler d'un site à un autre, en fonction des besoins.

 

Le mouvement de ZAD prend notamment sa source d’autres luttes qui en sont les ancêtres. Il a pour origines la contestation de grands projets déclarés d'utilité publique mais contestés à la fois au nom de la défense de l'environnement, du droit des populations locales à décider de l'avenir de leurs territoires (au prix s'il le faut d'un conflit avec les autorités) et du rejet d'une conception de l'économie productiviste. En France, les antécédents les plus célèbres au mouvement des ZAD sont la lutte du Larzac de 1971-1981, les manifestations contre le projet de centrale nucléaire à Creys-Malville dans l'Isère en 1977 et à Plogoff fin des années 1970 et début 1980.

 

Ce mouvement de zone à défendre s’inspire donc particulièrement de la lutte du Larzac qui est un mouvement de protestation non violente contre l'extension d'un camp militaire sur le plateau du Larzac près de Millau, qui dura de 1971 à 1981, soit environ une décennie de lutte et qui se conclu par l'abandon du projet sur décision du président de l’époque, François Mitterrand, alors nouvellement élu. La lutte du Larzac est une référence historique pour de nombreux zadistes, notamment ceux de la ZAD de NDDL qui affirment s'en inspirer largement et qui sont soutenus par une partie des paysans et personnalités du Larzac.

 

En prenant l'exemple de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes nous verrons comment et pourquoi les Zadistes entendent répondre non à la construction d'un aéroport. J’ai souhaité prendre cet exemple pour vous parler de la défense du territoire en France car à nos jours il reste celui plus significatif. En effet, cette ZAD est devenue le plus grand squat à ciel ouvert d'Europe formant un espace de rencontres et de critiques du capitalisme, elle soulève les passions et est aujourd’hui un exemple et le moteur d’autres luttes en Europe. 

 

Le concept général de ZAD comme on le connaît aujourd’hui s’est principalement développé autour de l’occupation du site qui devait servir au projet d’aéroport. Il a été le premier projet à se transformer en ZAD et à être occupé par des militants en tout genre comme des éleveurs de père en fils, des "néo ruraux", des militants anticapitalistes et antisystème. C’est aussi un des seuls projets victorieux pour les militants car le 17 janvier 2018, le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé l'abandon définitif du projet de Notre-Dame-des-Landes. La zone à défendre de Notre-Dame-des-Landes servira dès lors d’inspiration à toutes les autres ZAD en France et ailleurs. 

 

Pour comprendre pleinement ces protestations il est nécessaire d’analyser le projet et de remonter dans l’histoire. Pour cela vous invite à visiter la page suivante portant sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.