En restant toujours dans l’exemple de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, les revendications se manifestent de plusieurs manières différentes et se basent sur les arguments contre la construction de l’aéroport du Grand Ouest. Pour comprendre l'ampleur du mouvement de ZAD il faut analyser les façons qu’ont les Zadistes d'exprimer leur mécontentement. Vous trouverez dans cet onglet les grands événements du mouvement : les manifestations, l’occupation quasi permanente des lieux, le sabotage et les confrontations avec les forces de l’ordre mais aussi le dialogue, nous analyserons ici les divers modes de revendication des militants. Nous nous intéresserons ici au COMMENT de l'opposition.
Contrairement à son analogue italien, le mouvement de ZAD se base en très grande partie sur une occupation des lieux du projet afin de démontrer un mécontentement et d’empêcher les travaux concernant le projet. Pendant des années le mouvement d’occupation n’a fait que croître et a participé à la lutte avec ses propres armes, c’est-à-dire la résistance physique sur le terrain, le sabotage et l’action directe.
Pour comprendre cette lutte, il est donc nécessaire de revenir sur quelques événements marquants de cette mobilisation hors norme qui ont permis d’arracher l’abandon du projet, annoncé par le gouvernement le 17 janvier 2018.
Le mouvement No TAV se base sur un mélange entre manifestations, occupations et sabotages toutefois plus centré sur la manifestation. En revanche, les mouvements de ZAD côté français se base essentiellement sur l’occupation ou le squat comme on l’entend souvent dire. Cependant plusieurs événements, notamment quelques manifestations sont devenues des symboles de cette lutte effrénée.
En 1972 l’ADECA fut créée (Association de défense des exploitants concernés par l’aéroport), elle regroupe les agriculteurs s'opposant au projet d’implantation de l’aéroport. En 2000 l'ACIPA fut créée (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d'aéroport), à l'initiative de neuf riverains et regroupant en 2011 plus de 3 300 adhérents. Selon l'ACIPA, ce projet est incompatible avec les objectifs du Grenelle Environnement. De plus ils mettent en évidence un problème lié à la sécurité, le site se trouve dans un secteur de concentration industrielle classé Seveso, en effet le projet de piste se trouve pile dans l'axe de la raffinerie de Donges et de la centrale thermique de Cordemais.
Le 8 décembre 2007, la "Coordination des associations opposées au projet de nouvel aéroport" a inauguré un lieu de résistance au lieu-dit les Domaines à Notre-Dame-des-Landes. En juin 2009, un collectif d'une quinzaine d'élus qui doutent de la pertinence du projet d'aéroport (collectif CéDpa). Ils envoient un courrier aux élus de la région pour rouvrir le débat et obtenir une étude des solutions de remplacement. Le collectif rassemble finalement cent cinquante élus. En août 2009, sur le futur emplacement de la piste du projet d'aéroport, se déroulera le premier camp "Action Climat" français. A la suite de celui-ci, l'aéroport de Nantes est envahi par deux cents manifestants et qui construiront dès lors de nombreuses cabanes sur les terres du projet.
Vendredi 2 septembre 2011, une dizaine de personnes se sont perchées dans les arbres du square Élisa-Mercœur à Nantes, soutenues par d’autres militants restés au sol afin de protester contre le futur aéroport du Grand-Ouest, tandis qu’en novembre 2011, plusieurs dizaines de cyclistes et des tracteurs rejoignent Paris pour un défilé réunissant plus de 3 000 participants. Le 24 mars 2012, une manifestation réunissant l'ensemble des opposants au projet rassemble 3 000 personnes (selon la police), 10 000 selon les organisateurs et 200 tracteurs dans le centre-ville de Nantes. Un millier de policiers et gendarmes, un hélicoptère et des canons à eau sont mobilisés. Des affrontements éclatent à la fin de la manifestation.
Du 7 au 11 juillet 2012, les zadistes accueillent le deuxième Forum Thématique Européen contre les "Grands Projets Inutiles Imposés", dans le cadre du Forum Social Mondial. Ce Forum fait notamment le lien entre la lutte locale et d'autres luttes comme celle du Mouvement No TAV en Italie. C'est depuis cette date que le terme de "Grands Projets Inutiles" s'est introduit dans le débat politique.
Le 16 octobre 2012, les forces de l'ordre procèdent à une évacuation des squats d'opposants au nouvel aéroport, six maisons et plusieurs cabanes jugées illégales sont détruites. On appellera cela "l'opération César". Le 17 novembre 2012, en réaction à cette opération, une manifestation de réoccupation mobilise les opposants sur les lieux, 40 000 personnes selon l'ACIPA, 20 000 à 30 000 selon José Bové et enfin "4 500 personnes dans le cortège et 13 500 si on compte l'ensemble des personnes qui se trouvent dans le secteur" selon la préfecture de Loire-Atlantique.
Le 11 mai 2013, une chaîne humaine encercle la zone d'aménagement différé devenue zone à défendre, soit environ 25 kilomètres au total. Cet évènement rassemblera 12 000 personnes selon la préfecture et 40 000 selon l'ACIPA. Le week-end du 3 et 4 août 2013, un rassemblement festif et militant regroupera 17 000 à 40 000 personnes autour de concerts, débats et occupation du ciel par des cerfs-volants. Durant l'automne 2013, un comité de professionnels de la protection de la nature et près de 200 naturalistes se rassemblent sous le nom de "naturalistes en lutte" pour réaliser un inventaire précis des espèces naturelles protégées sur le territoire du projet. Le 22 février 2014, une manifestation contre l'aéroport rassemblant entre 20 000 et 60 000 personnes sera organisée dans le centre-ville de Nantes. Le 17 juillet 2015, le tribunal administratif de Nantes rejette les 17 recours déposés contre les arrêtés préfectoraux par les opposants dont les arguments reposaient sur la vacuité des mesures promises par Vinci et l’État dans le cadre de la Loi sur l’Eau et la réglementation sur les espèces protégées.
Le 17 janvier 2018, Édouard Philippe annonce l’abandon du projet de construction d’un nouvel aéroport. Cependant, selon les Zadistes, cette victoire n’est qu’un commencement, ils comptent bien continuer à habiter sur le site de la ZAD afin de poursuivre les diverses luttes dans lesquelles ils sont engagés, c’est-à-dire, dans d’autres mouvements de défense du territoire, mais aussi des mouvements anticapitalistes et antisystème. Ainsi faisant, ils veulent s’assurer que les terres de la ZAD ne retourneront pas à l’agrandissement de grandes exploitations agricoles, mais ils souhaitent aussi continuer à défendre la richesse et la biodiversité du bocage.
Tous ces événements nous permettent de nous rendre compte de l’ampleur des 50 ans de lutte sur le site de Notre-Dame-des-Landes. Il existe cependant beaucoup d’autres projets contestés en France ayant repris l’exemple de cette ZAD, je vous invite donc à visiter la page suivante pour découvrir quels sont ces projets et pourquoi ils sont eux-aussi contestés.